Cercle Vert prend la main
De l'art de la tactique
Cercle Vert commence à peser sur le Tour de Bretagne : mis à part la première manche où Gildas Morvan et Bertrand Pacé ont un peu peiné à trouver le mode d'emploi du bateau, le duo de choc formé pour l'occasion fait un parcours quasiment sans faute depuis le départ de Saint-Quay Portrieux.
C'était une manche pour tacticiens, où il fallait savoir profiter de la moindre bascule de vent, de la plus petite opportunité pour prendre l'avantage sur ses adversaires. A ce petit jeu, le duo Drouglazet - Bouscholte a maîtrisé les assauts de toute la flotte jusqu'au chenal des Moutons où, à l'issue d'une bataille d'empannage acharnée, ils ont cédé aux assauts de l'équipage de Cercle Vert.
Départ matinal
Au départ de Brest, Eric Drouglazet et Hans Bouscholte prennent le meilleur départ en bout de ligne devant Cercle Vert auteur d'un départ bâbord particulièrement osé. Très vite, les ténors du circuit pointent le bout de leur nez et à la bouée de Pénélope, à l'entrée du Goulet de Brest, David Olivier mène la danse devant Défi Santé Voile, Cercle Vert et Groupe Generali Assurances.
L'ensemble de la flotte part s'abriter du courant le long de la côte nord du goulet de Brest. Il s'agit d'aller le plus près possible de la côte en évitant de talonner sur les roches. Yann Elies et Loick Peyron iront d'ailleurs tutoyer la roche d'un peu près. L'échouage sera de courte durée et sans gravité.
Premiers bords payants
Il faut ensuite descendre sur le Raz de Sein contre le vent. Eric Drouglazet et Gildas Morvan ne se lâchent pas d'une étrave. Ils enroulent la marque de la Plate de concert. Dès que Cercle Vert vire pour pointer le nez vers la pointe de Penmarc'h, le leader de la flotte les accompagne. Ce que l'on appelle du marquage " à la culotte ".
La baie d'Audierne ne modifie que peu de choses au classement. Quelques concurrents tentent bien une option sous spi au largue serré, mais en pure perte. Les choses sérieuses commenceront plus tard, quand il faudra longer la côte sud du Pays Bigouden.
La baie d'Audierne étire la flotte. Les meilleurs creusent l'écart petit à petit.
Un vent arrière particulièrement tactique
A la bouée de Cap Caval, devant le port du Guilvinec, les concurrents envoient le spi. Commence alors une longue glissade vers la ligne d'arrivée plein vent arrière. Mais le Figaro Bénéteau 2, pour être employé à son meilleur potentiel préfère les allures plus angulées par rapport au vent. Il s'agit donc, comme lors d'une navigation face au vent, de négocier aux mieux les variations du vent en force et direction. Un exercice encore plus subtil que lors d'un louvoyage face au vent.
Dans le Chenal de l'Île aux Moutons, Cercle Vert part à l'attaque. Il se décale de David Olivier puis revient pour croiser. Deux, trois, quatre fois, l'attaque échoue. A chaque tentative, Bertrand Pacé et Gildas Morvan se décalent, attendent le moment favorable. Mais les leaders ne lâchent rien. " Naviguer sous la pression me motive " avouera Eric Drouglazet. A la sortie du chenal, David Olivier prend une algue dans sa quille. Le temps de la dégager, Gildas Morvan et Bertrand Pacé prennent la tête, ils ne la lâcheront plus.
Les commentaires du jour
Bertrand Pacé (Cercle Vert), vainqueur de l'étape du jour et leader au classement général provisoire : " On n'a pas récupéré de la course de nuit. On a été dans le coup dès le début de cette étape. Il a fallu se sortir d'un long bord de près difficile à négocier au niveau de la Plate. Il y avait des concurrents à gauche, d'autres à droite, on a pris le parti de couper au milieu. C'était une bonne option. Les positions sont restées inchangées sur le bord de bon plein, puis nous avons attaqué sous spi. C'est au niveau des Moutons que nous avons passé David Olivier. C'était une étape sympa ! "
Eric Drouglazet (David Olivier), second de l'étape du jour : " On a fait une super course et c'est pour ça qu'une seconde place ne peut pas nous convenir. On a presque fait la course parfaite : un bon départ, une maîtrise tactique et technique. On a vraiment bien contrôlé Cercle Vert pendant la course et puis on se fait passer aux Glénan à cause d'une algue. Mais une deuxième place ça n'est jamais une mauvaise opération pour le classement général "
. Charles Caudrelier-Bénac (Bostik Findley), second au classement général provisoire : " On a pris un départ correct, un peu derrière. Ca n'était pas évident de sortir de la rade de Brest mais on s'est placé 4ème. En navigant bien on s'est bien rapproché de Cercle Vert et on est passé 3ème au raz de Sein. On était vraiment bien en vitesse dans la baie d'Audierne. On fait une erreur en envoyant le mauvais spi, ce qui nous vaut de perdre le contact avec Gildas Morvan et de se faire passer par Thales. On perd notre première place au classement général provisoire, mais on ne la méritait pas vraiment aujourd'hui. On a fait des petites erreurs et Cercle Vert n'en a fait aucune, il n'y a rien à dire ".
Jérémie Beyou (Delta Dore) : " On est un peu déçu. On avait visiblement un petit déficit de vitesse sous spi aujourd'hui. Il va falloir remédier à ça pour la suite. Maintenant, le Tour de Bretagne est la première épreuve sur le nouveau bateau. Cela reste un banc d'essai. Sur le plan comptable, ce n'est pas une très bonne opération pour nous aujourd'hui. On s'est quand même fait plaisir en baie d'Audierne où nous avons très bien navigué. Le passage du Raz de Sein a été super : on est passé à moins d'une longueur de bateau de la tourelle de la Plate ; impressionnant "
. Yann Elies (Groupe Generali Assurances) : " On a une bonne vitesse sous spi. Nous n'avons pas été très judicieux dans nos choix en descendant vers le Raz de Sein et nous l'avons payé. On a talonné un peu dans le Goulet de Brest mais, rien de grave. On était un groupe de cinq bateaux dans le chenal des Moutons et c'était une super bagarre... "
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